lundi 31 mai 2010

Les ports

Quel est l'aimant qui m'attire vers les ports ? Je n'aime pas la mer : j'en ai peur. J'aime les bords de mer, les dunes, le sable, la végétation qui s'y accroche, les oiseaux, l'odeur, mais j'ai beaucoup d'appréhension à poser mes pieds dans ce que je ne vois pas ! Je ne suis pas bonne nageuse, je n'aime pas faire de la voile, je ne sais pas ramer.

Bon, d'accord, j'aime le poisson et les fruits de mer ! J'adore les gargottes où l'on mange les pieds dans le sable avec le doux clapotis des vagues, ou les tavernes bruyantes en bordure des quais...

Irrésistiblement, je suis attirée par les ports et leur odeur poisseuse : graisse de machine, poisson, eau stagnante. Je marche dans les chantiers navals, enjambant des filins, des rails abandonnés, admirant des machines rouillées dont je ne connais pas l'usage.

Les bateaux abandonnés m'émeuvent : posés sur le flanc, marqués par leur vie de travail maritime. On dirait des gros chats fatigués qui se chauffent au soleil pâle d'un petit matin, insensibles aux cris aigres des goëlands qui se disputent quelque pitance.

Leurs flancs sont de véritables cartes de géographie où rouille, peintures, blessures se mêlent.

Il y a aussi ces petits bateaux, tout carrés, têtus et prêts à bondir. Paniers jaunes, ancre rouillée, cordages de nylon turquoise, filets usés aux teintes fanées, tout un matériel bien rangé. Ils se balancent, impatients dirait-on. Certains sont tellement peints et repeints, blanc pour le pont et  rouge pour la cabine, qu'ils ne laissent pas deviner s'ils sont en bois ou en métal !

Au loin, le bruit d'une meuleuse strie l'air, mon pied heurte quelque boulon égaré, je trébuche sur un filet oublié. L'eau est sale, des résidus de chantier flottent autour des coques griffées.


Monde étrange, où tout est lourd, gras, bruyant,  mais où l'on prépare des bateaux qui vont danser sur la houle avec grâce.
Je longe les quais, j'admire encore les lignes épurées d'un voilier qui répond au vent qui joue dans le gréement, et à l'orée de la marina, je pousse la porte d'un petit troquet qui sent la friture, et où l'on boit la bière debout, à même le zinc.

8 commentaires:

  1. Je regarde tes photos. Ton beau texte me plonge dans mes souvenirs, je rêve...

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  2. Très belle photos, d'un "milieu" qui n'est pas, traditionnellement, décrit comme artistique...
    Et pourtant, que de beauté tu nous révèles ici !

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  3. A nouveau, ballade poétique dans un monde qui m'est familier! Mais quel regard!

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  4. Il n'y a pas à dire, tu as l'oeil ! et si en plus tu nous fais cadeau d'un de tes textes, on reste sous le charme.

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  5. La première photo est superbe, je suis sous le charme. Bonne soirée

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  6. J'ai cherché le troquet où l'on boit la bière debout au comptoir, je ne l'ai pas trouvé sur le port de Nafplio ... Dommage !!!

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  7. Merci à tous ! C'est vrai lizagrêce, j'ai plus pensé aux ports du nord sur la fin de ce texte, mais pourquoi pas consacrer un article sur les ports de Méditerranée ... il y aurait quelque chose à dire, je pense ! Bonne journée !

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  8. Toutes tes photos sont superbes, la mer, les bateaux,les oiseaux et tous les éléments relatifs à la pêche ne représentent que du bonheur. Merci Gine

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