mardi 29 juin 2010

Lac Léman naturel

Ses quais, ses anses,  ses grèves, ses enrochements, tout me plaît en lui.  C'est une succession de petits mondes, en bordure de la grande nappe mouvante. J'y suis un peu étrangère, venant de la plaine en amont, je m'y sens comme en vacances ...

Le Lavaux, depuis Meillerie, 17h

Sa surface se marbre, sous  les courants de fonds ou sous la poussée des vents, toujours changeante ... Sa belle dimension permet au regard de glisser sur des montagnes brumeuses au loin, de revenir à une voile beaucoup plus proche, de repartir sur un éclat de fenêtre, là-bas, plus à l'est.


Depuis les quais de Vevey
Bleu turquoise ou gris plomb -  lagon ou mer du nord, selon son humeur.
Par jour de pluie et de vent, accompagnée par les cris des mouettes et des goélands quémandant quelque pitance, je marche rapidement bien emmitouflée, l'appareil photo au bout des doigts glacés.

Chillon, 12h00

Par jour de grande chaleur, essayant de trouver un coin préservé des baigneurs par un accès difficile ou un fond marécageux, fouillant dans les sous-bois sous la férule des moustiques.

Ouchy, 16h00

La balade sur les quais, la marche rapide: le regard renâcle devant les massifs de fleurs trop bien ordonnés pour aller se perdre dans le scintillement et le clapotis. Un pêcheur rentre au port, suivi par les mouettes ...

Cully, 17h00

En prolongement du quai, on suit une banquette caillouteuse, entrecoupée de ponts enjambant des chenaux étroits où des canots tapent mollement les murs de leur prison. Parfois, un port de pêcheurs, quelques barques, des enfants, dans la lumière d'un dimanche soir d'été...

Meillerie, 17h00

La riviera, ses belles maisons, ses jardins privés qui viennent se casser sur le chemin ouvert au public. Les grands arbres rythment les méandres du chemin et abritent des anses secrètes. L'odeur poisseuse des algues accompagne le clapotis léger lors des grandes chaleurs, au changement de saison, quand le fond du lac semble remonter à la surface.

Chillon, 15h00

Sur une pierre surplombant l'eau,  les jambes dans le vide, j'observe les reflets des branches, l'esprit serein, m'amusant des va-et-vient affairés d'un foulque oue quelques canards dans le balancement mou de la houle.

Les montagnes se découpent sur un ciel azur et leur ombre assombrit le friselis des vagues.

Cully, 16h00

Tout au commencement du lac, la nature n'est pas domestiquée : c'est le domaine des roseaux, des saules. Les oiseaux y nichent, le promeneur est prié de ne pas quitter le sentier qui s'enfonce dans une forêt humide de feuillus.Le lac disparaît, on l'entend juste respirer, là, tout près.  

Les Grangettes, 11h00

Une trouée découvre soudain la réverbération étoilée qui fait plisser les yeux. Je m'assieds sur  une souche pleine de frémissements d'insectes, les chevilles nues précautionneusement éloignées. Une senteur de sous-bois, de champignon, d'herbe craquante écrasée, entre les roseaux et les bois flottés échoués.

Les Grangettes, 10 h00

J'aime ce lac ... plus que les autres : il a enchanté mon adolescence et ma jeunesse... Je vous en parlerai encore souvent !

mardi 22 juin 2010

Chambre d'hôtel

A l'entrée de l'hôtel déjà, l'odeur  vous prend à la gorge. La réception est vide ...  Votre regard fait le tour de la pièce sombre, note les vieux fauteuils postés devant le poste de télévision éteint, détaille  le tableau en tapisserie ou le puzzle collé, les bibelots sur un meuble, les journaux sur la table basse.  Votre nez s'habitue à l'odeur rance de vieux tissu, de journal humide, de sauce en boîte qui flotte à l'arrière plan. Une radio passe de la musique, assourdie, quelque part.
Le réceptionniste indifférent remplit les papiers, vous donne la clef et les instructions habituelles d'une voix étouffée, bien dans l'atmosphère du lieu. Une porte s'ouvre dans les étages, un éclat de voix, puis à nouveau le silence...
Ensuite, dans l'escalier tapissé de moquette, vous vous demandez si vous allez rester... A l'ouverture de la chambre, dans la pénombre, cela vous semble moins insupportable, malgré l'odeur de tabac froid. Déposant votre bagage, vous vous précipitez pour ouvrir la fenêtre ... Arrière cour, léger bourdonnement émanant de la cuisine, en contrebas. Gênant ? Oui, non, ça ira. Il est tard, vous êtes fatigué, vous allez pouvoir dormir.

Le lit est blanc, bien tiré, les draps craquent sous la main. Lentement, vous ouvrez votre sac, suspendez quelques habits, déposez un livre et  votre téléphone sur la table de nuit. Fenêtre entrouverte, rideaux tirés ... Ah ! la lampe de chevet fonctionne : vous êtes paré pour une éventuelle insomnie.
Les sanitaires vert acide, le carrelage brun terne, la moquette caca d'oie : la déco n'est pas d'aujourd'hui. Bon, la douche est propre ... les serviettes bien pliées, les verres sous film plastique.
Tout affairé à votre cérémonial du coucher, vous ne voyez pas encore le papier peint tâché, usé, les peintures rayées, la gravure à la tête du lit ... Ce n'est qu'une fois allongé, que vous constatez les tâches d'eau au plafond - tiens, est-ce qu'à l'étage, la douche n'est pas au même endroit ? - la couleur infâme, orange, de la corbeille à papier. Tiens, la chambre à côté a l'air d'être occupée : la télévision bourdonne.
Combien de personnes ont déjà dormi dans cette chambre ? Des représentants de commerce, des habitués, des gens de passage pressés, comme vous ?
Votre esprit divague agréablement, votre nuque apprivoisant l'oreiller un peu plat, et vos membres jouissant de la fraîcheur du drap. Le sommeil arrive par vagues, les bruits de la maison inconnue s'éloignant progressivement...
 
Au réveil, sous la lumière accusatrice, le décor vous semble impossible et c'est rapidement, après une douche tonique,  que vous rassemblez vos affaires, refermez vos bagages ... Dehors, vous respirez longuement dans la fraîcheur, l'air piquant lavant les remugles de la nuit.
Et c'est d'un bon pas que vous partez à la recherche d'un bar pour votre premier café.

vendredi 18 juin 2010

Petits bouquets

Quand on parle de bouquet, on voit une gerbe de grandes fleurs, agrémentée de feuillages; on voit une réalisation de fleuriste, haute en couleur, variétés mêlées ...
Mais moi, j'aime bien créer de petits bouquets ... C'est une habitude que j'ai prise lorsque j'habitais la ville et que je chapardais une pensée ou un géranium dans un massif révoltant de multitude, une feuille sur un lierre, une herbe coupante dans un talus.

Une collègue bien inspirée m'avait offert un jour une série de vases miniatures en terre vernissée. J'en ai cassé quelques-uns, mais les autres m'accompagnent toujours, des années après. J'en ai racheté - en brocante presque toujours - des petis en verre, des petits en porcelaine, des petits anciens, ou  modernes, tous de formes et de couleurs différentes.

Ils accueillent les fleurs aux tiges trop courtes, les laissées pour compte des plus grands bouquets, ou les accidents de jardinage, les boutons que l'on heurte avec le coude en grattant entre deux plantes ! Parfois même, des rescapées pas encore fanées alors que leurs consoeurs sont mortes. Je parsème  la maison de leurs notes de couleurs: chambre d'amis, salles d'eau, déco de tables.

Trois feuilles,  une fleur ou trois fleurs, une feuille ! Vite pensé, vite fait, petit, joli, parfumé : tout le plaisir du grand bouquet, la grâce en plus !

lundi 14 juin 2010

Poulailler

Qui n'a jamais élevé de poules pense que ces gros oiseaux lourdauds sont des bêtasses juste bonnes à être sautées par le seigneur coq, emblème de toutes les virilités de France et de Navarre.
Qui a côtoyé ces dames patronnesses sait bien leurs caractères différenciés, leurs humeurs, leurs humours, leurs amours ...
Il faut les voir se pavaner, l'oeil écarquillé, guettant le ver malavisé, grattant le terrain pour débusquer quelque menu fretin. Le caquetage ponctue leur cheminement cahotant. Se précipitant soudain, ayant cru voir une pitance frétillante, elles se redressent dignement, comme si leur avidité n'était qu'un égarement passager.
Elles savent reconnaître la main qui les nourrit, même si un coup de bec impatient punit celle qui veut voler une caresse à leurs plumes lisses ...

Chez une amie, protection rapprochée pour ce lapineau
Elles ont des amitiés incongrues, un poussin préféré,  des inimitiés hargneuses, pour une congénère et son petit. Rien ne les distraira d'une passion obstinée pour un objet, pour une manie ... Seule la casserole aura raison de leur entêtement.

J'ai vu une grosse poule vieillir ... aller sur ses huit ans, avec des allures et un cul énorme de vieille douairière. Elle n'acceptait plus que les jeunes coqs - ses arrière-arrière petits-enfants - veuillent l'honorer et dès midi s'installait sur un perchoir, indélogeable. Elle somnolait ainsi la majeure partie de la journée, laissant les autres s'agiter sous son oeil mi-clos...
Cette poule-là est morte de sa belle mort, trop dure certainement pour être mangée ! C'était la promesse faite à l'amie qui me l'avait laissée et que m'avait faite l'autre amie qui m'a envoyé cette dernière photo...
Je n'ai plus de poulailler, car c'est vraiment ... le fil à la patte ! Finis les voyages, les petits week-ends prolongés ... Ces dames veulent de l'eau fraîche !

samedi 12 juin 2010

Le bouquet de saison


La floraison des iris est presque terminée ... J'ai cueilli celui-ci, bronze, et j'ai tempéré sa raideur par l'opulence des Weigelia et des Kolwitzia. L'harmonie des roses pâle ou soutenu, du blanc au brun chaud, m'a permis d'utiliser ce vase bleu en verre de Murano dont la forme spectaculaire éteindrait des fleurs modestes. Formes, couleurs, parfums ... tout ce que j'aime. Une journée bien commencée !

lundi 7 juin 2010

Pivoine

Pivoine, un mot qui vient de l'arrière-gorge, pour cette belle généreuse ... Un nom qui évoque la nostalgie des jardins anciens, des jardins de curé ou de grand-mère, et les souvenirs d'enfance. Couleur, parfum, soyeux, volupté, générosité, elle ne pouvait que me séduire.
Lors de la plantation déjà, sa racine dégage un parfum prenant, d'amande amère, narcotique. L'odeur de ses feuilles froissées soutient la même note, en plus vif, plus humide. Elle met longtemps à s'épanouir, le bouton reste obstinément clos sous les assauts des fourmis qui goûtent son sucre.

Enfin, elle éclate ... tutu bouillonnant d'une danseuse alourdie.

Elle est éphémère, mais le tapis rutilant des pétales tombés illumine encore le chemin dans les herbes.

Auparavant, j'aurai pris la précaution de prélever quelques boutons pour faire entrer cette belle dans la maison et pendant quelques jours, je vivrai dans sa senteur discrète et dans sa couleur pourpre.

jeudi 3 juin 2010

Temps de pluie

Il pleut ... C'est triste, c'est monotone, c'est froid, je frissonne ...
Ca dure depuis deux semaines, je me languis du soleil et de la chaleur. Comment c'était, en juin 2009 ?
Pleuvait-il sur les iris alourdis, sur les feuilles nouvelles, et sur les boutons de roses ?
Pourquoi la pluie m'est-elle particulièrement insupportable, cette année ?
Je bougonne, vaque à mes affaires "intérieures", me lasse, tapote sur l'ordi, me lasse aussi, envisage des travaux à entreprendre, en abandonne aussitôt l'idée... Morose, je suis !

Je pointe un nez dehors et ...
Tiens, il pleut.
Il pleut
Sur les jardins alanguis,
Sur les roses de la nuit
Il pleut des larmes de pluie, il pleut.
Et j'entends le clapotis
Du passé qui se remplit.
Oh mon Dieu, que c'est joli, la pluie!
texte de Barbara (Pierre)
Le vent aussi est de la partie : les feuilles me guettent et s'ébrouent à mon passage, m'arrosant généreusement ! Je retourne à la maison, me calfeutre, les pieds froids ... Rageuse, la tempête reprend de plus belle et frappe sur les vitres.
Un peu de musique, peut-être ? Musique de circonstance, alors !


C. NOUGARO / Dee Dee BRIDGEWATER : La pluie fait des claquettes - MYTARATATA.COM
TARATATA N°32 (Tour. 03/11/93 - Dif. 06/11/93)

De l'énergie pure !
Je frissonne encore, mais ce n'est plus de froid ! J'enfile un imper, et file dehors, en chantonnant et en dansant - je fais des claquettes !