dimanche 19 août 2012

Un bouquet pour un dimanche 9

Sortir au jardin dans la fraîcheur toute relative de ce dimanche matin. Les pieds dans la rosée, marcher précautionneusement pour éviter les glands  que le chêne laisse tomber avant même qu'ils ne soient mûrs...
Un bouquet tendre, sur un vase important, noir et luisant ...


Trois Dahlias cactus, l'Euphorbe rubrum, trois épis de Salicaire pour le rose, l'Euphorbe myrsinites et quelques brins d'Agropyron magellanicum pour le bleu.

C'est l'Agropyron qui est à la base du bouquet. J'ai repiqué les boutures reçues de Anabel, de Mon Doubs Jardin et coupé les hampes bleues pour permettre une meilleure reprise. Un bouquet né d'une nouvelle amitié entre blogueuses  jardinières!

Bon dimanche à tous !

dimanche 12 août 2012

Rhône

C'est un lieu familier, que j'ai fréquenté depuis mon enfance, à intervalles réguliers. J'y ai passé en car postal, en stop, en voiture personnelle, de nombreuses fois. Pourtant, ça fait plusieurs années que je ne m'y étais pas arrêtée, et mon dernier passage au col de la Furka, qui domine le Glacier du Rhône m'a fait mesurer les changements du paysage.
L'immeuble austère est toujours là, au milieu des parkings, et vu l'affluence, nous nous sommes arrêtés au contour suivant, sûrs de voir le glacier depuis un peu plus bas. 


Oh, c'était beau, en aval, le Rhône libre qui dévalait la vallée, au milieu des marais qu'il créait par son passage.


Mais, en amont, malgré un spectacle grandiose, plus trace du glacier... Plus que de la roche usée par le passage de l'eau, qu'aucune végétation n'a encore colonisée.



Voilà les deux photos que j'ai retrouvées sur la toile qui montrent cette transformation

1920 Photo Ed. Gaberell                    1999 Photo  S. Métrailler
Source : http://www.unifr.ch/geoscience/geographie/glaciers/Introduction/Intro.htm 
04.08.2012
 Le Rhône... Enfant, ce n'était pour moi que cette grande rivière qui coulait rapidement, là-bas, au pied de la montagne, et où il n'était pas permis d'aller seule. J'aimais pourtant y vagabonder, accompagnée ou non, jouer sur les pierres qui l'endiguaient déjà, mais qui laissaient encore quelques "gouilles" où le sable fin faisait des dessins étonnants. Lieu interdit, lieu fascinant... Pourtant la rapidité et le vacarme de l'eau m'effrayait. Certainement,  j'avais entendu ces histoires de tourbillon entraînant les corps par aspiration, ces histoires de suicide... En Valais, on se "jetait au Rhône" fréquemment, semble-t-il.
Quand la promenade annuelle de la petite école m'a emmenée au Glacier du Rhône, but classique et super couru,  j'ai compris que cette rivière n'était qu'un torrent de montagne, comme tous ceux où j'aimais jouer. Pourtant, juste un peu au-dessus, c'était déjà le front bleuté du glacier. J'avais été choquée par la couleur grise de la couche supérieure qui retenait - déjà - la pollution, mais enchantée du turquoise découvert dans quelque anfractuosité. J'ai vécu avec cette idée de rivière sauvage, de torrent tumultueux.


Quel choc, quand j'ai découvert un peu plus tard, que cette force allait se perdre dans la masse du Lac Léman! Pour moi, ce n'était pas dans l'ordre des choses, cette idée me révoltait. Et malgré l'autorisation de se baigner tout à coup dans cette nappe immense, je ne me défaisais pas de l'idée du danger d'un courant central et invisible qui aurait pu m'entraîner.

Embouchure du Rhône, dans le Léman, vue depuis les coteaux du  Dézaley
Et comment aurais-je pu imaginer que ce torrent deviendrait ce fleuve dont j'aime suivre la vallée française, entre vignobles, villages, villes, zones industrielles, usines électriques ou atomiques, jusqu'au delta sublime de  la Camargue?

Bras mort du Rhône, Grau du Roi
L'hymne du Valais fait l'éloge du fleuve qui l'a créé, et tous les Valaisans l'ont appris en classe, depuis des générations
Vallée où le Rhône à son cours
Noble pays de mes amours
et mon père, enfant,  questionnait : "Le renardeau court, je sais, mais le ronasson court ?"

mardi 7 août 2012

Roadmovie II

Nous n'avons pas traîné à Andermatt où les motards sont les rois. Ils nous ont amusés et nous avons beaucoup admiré les bécanes, avec une pointe d'envie, et les tenues de cuir, comme des armures. Comment disait-on, "libres et les cheveux dans le vent" ?  Lourd tribu à la vitesse...
Longue plaine, puis longue montée, route surchargée... mais les talus sont piquetés de fleurs et si les places de parc sont rares, l'allure lente permet de repérer quelques oeillets des alpes, quelques orchis, tâches magenta dans l'or des crépis. Mais la pluie, la brume et là-haut la montagne sévère nous motivaient : encore plus haut.


Arrivés au col de la Furka, (voir D sur la carte du précédent billet), c'est délivrés que nous faisons quelques pas dans la bruine et le vent. Les "nez noirs" sont encore plus hauts, et l'on attend par intermittence le carillon de leurs clochettes porté par le vent.


Une petite marche nous permet déjà de trouver des endroits non piétinés par la foule, et à cette altitude (2429 m.), les gentianes sont encore en fleurs !

Gentiane ponctuée, Hélianthème, Gentiane du printemps, et Carline acaule
Nous décidons enfin de prendre la descente et de suivre le Rhône, de son glacier jusqu'au lac Léman, dans un long parcours trop souvent parcouru pour qu'il nous passionne. Pourtant, une halte s'impose une fois encore : l'Hôtel Belvédère domine la vallée depuis 130 ans, et je suis toujours impressionnée par sa façade de pierre et sa masse imposante.


La vallée en contrebas, enfin, offre un spectacle sauvage, la naissance du fleuve qui semble se métamorphoser en route. Eh ? Et si on se "faisait" le Grimsel ? Aussitôt pensé, aussitôt décidé. D'ailleurs le ciel semblait se dégager.


Et nous voilà relancés sur une route bien dégagée, avec le même plaisir qu'au premières heures du voyage. La discussion porte sur les souvenirs, les autres voyages, les alpinistes, sur le glacier qui a tellement reculé (je vous en parlerai). On freine pour mieux admirer le paysage, on roule lentement pour décrypter la végétation et nous y voilà ! Le col du Grimsel (2165 m, point F sur la carte). Malgré ses trois lacs artificiels, c'est le plus laid ... envahis de parking, de bâtiments improbables, d'un parc à marmottes délabré - on peut se demander ce que font deux marmottes en captivité au milieu de leur habitat naturel.


J'aurais bien préféré vous la montrer en liberté, mais je ne l'aurais sans doute pas trouvée au milieu de l'après-midi et si près de la route!

Malgré l'éclaircie au loin où il fait bon regarder, la pluie nous rattrape et c'est soulagés que nous entreprenons la descente vers la plaine, admirant encore au passage les roches, les cascades...


Nous avons fait les trois deux mille! Comme de faux alpinistes ... comme les motards! Une journée épuisante, mais ce genre de virée reste lié au plaisir de la première voiture, à la sensation de découverte, au départ, au voyage.

lundi 6 août 2012

Roadmovie I

Une journée où le temps était mi-figue, mi-raisin. Une envie de s'évader, d'aller au-dessus des 1500 mètres arpentés ces jours derniers ... et, cela ne vous étonnera pas, d'aller admirer quelques fleurs alpines. Franchir les 2000 mètres, et un peu plus ... pas difficile à trouver en Suisse. Alors, avec l'envie de conduire de l'un, et l'envie de nature de l'autre, il fut vite décidé de faire quelques cols! Le grand classique des motards, c'est les cols en boucle. Mais nous ne voulions pas présumer de notre enthousiasme à rouler, et surtout je voulais avoir le temps de quitter la voiture et de voir quelques alpages, nous décidons de partir sur le Col du Susten (B)




La première halte, le premier café avant la montée, au soleil, tranquilles, face à une ancienne ferme typique : comme nous étions déjà loin de "chez nous".


Mais après quelques tunnels et quelques lacets - plaisirs du conducteur - nous commencions à nous exclamer devant tant de rochers et de merveilles. Les arrêts se multiplient, chaque contour nous dévoilant de nouvelles perspectives.


En contrebas, la vallée semblait vierge de toute pollution et de toute civilisation, enserrée au   pied des montagnes, apparence qui contredisait ce que nous venions de traverser...


Comment résister à l'appel du petit chemin qui s'ouvre sur la gauche ? Et toutes les fleurs sont au rendez-vous, un peu parsemées au début, mais nous découvrons rapidement un jardin naturel alpin ...


Les Rhododendrons sont déjà passés, quelques fleurs encore. Le trèfle, l'arnica et la campanule sont partout, émaillant les prairies non foulées, ni par le bétail, ni par le touriste.


Les torrents cascadent partout, empruntant parfois le chemin, en minces ruisselets qui rejoignent plus bas le cours tumultueux. Le spectacle est grandiose, on se sent happé par le haut, on a envie de continuer, encore et encore, jusqu'aux nuages.


Je ne vous parlerai pas des cols eux-mêmes, encombrés de voitures, de motos, de cafétérias, de bâtiments abandonnés : ils sont tous les mêmes. Leur seule utilité est justement de pouvoir y parquer en toute sécurité pour les autres usagers et de pouvoir s'en éloigner à pied suivant les nombreux sentiers qui sont rarement empruntés plus loin que les cent mètres qui les séparent de la route. Histoire de photographier fifille perchée sur un rocher ...
Le retour en plaine est vertigineux, les oreilles bouchées. Impossible d'éviter la colonne des vacanciers qui passent le Gothard pour aller voir le soleil en Italie. Pendant que nous lambinions, nous avons pris le temps de détailler les falaises imposantes, jardinées par la nature, chef-d'oeuvre d'un maître japonais inconnu...


Ce fut notre premier col de la journée, notre premier 2000 : 2276 m.  Nous décidons de déjeuner à Andermatt (C) : ce fut très touristique et pas du tout gastronomique...
 A suivre...

dimanche 5 août 2012

Un bouquet pour un dimanche 8

Entre les orages de ce matin, j'ai été cueillir la grosse tête du Dahlia Aramis, toute remplie d'eau, trop lourde sous le vent, et que le soir aurait retrouvé effeuillée.


Une feuille d'hellébore, quelques brins de sariette et de menthe poivrée. Petit bouquet comme je les aime!

Bon dimanche à tous !

mercredi 1 août 2012

Sel

En ouvrant le dernier paquet de sel ramené de l'île de La Palma, je n'ai pu m'empêcher de me remémorer sa provenance extraordinaire, et en goûtant sa saveur si fine, je me suis retrouvée subitement dans le vent et les roches volcaniques...


Ce bout de terre est nouvellement sorti des entrailles du volcan Teneguia qui l'a vomi en 1971, agrandissant l'île d'une langue noire, chaotique et sauvage.


Les hommes ont su mettre à profit ce nouveau terrain et les serres ont grandi au milieu de la pierre noire, ce qui n'est pas terrible pour le paysage, mais très bon pour l'économie insulaire.
Tout au bout de ce paysage chaotique, se dresse le phare de Fuencaliente, et les salines du même nom.


Extraordinaire contraste noir et blanc, et miracle de la transformation du bleu de l'océan en blanc alimentaire, un spectacle inoubliable.


Des cases de sel, aussi bien ordonnées que les rizières sous d'autres cieux, creusées dans la roche coupante, splendides témoins d'un travail de titan.


Un monde de glace, de crissements, de clapotis... Seuls les nuages peuvent rivaliser de blancheur.


Jamais, je n'avais senti si fort l'odeur du sel, si justement dite "saumâtre", à la limite du dégoût olfactif, et la couleur rose de l'eau en train de s'évaporer sous l'action du soleil et du vent accentue encore ce sentiment.


De gros lézards ont filé devant nous sur le chemin de pierre, mais ce n'est que bien plus haut, loin des embruns que nous avons rencontré la plante emblématique des lieux, l'Aenomium canariense qui semble résister à tout.


Le sel extrait à Fuencaliente est réputé très pur, et sa blancheur reste toujours immaculée, même après quelques années de conservation (2008-2012) dans le sachet de plastic fin.
J'aime les sels, j'aime en ramener de mes voyages, mais celui-ci est lié au plus extraordinaire site de production jamais rencontré, d'une beauté étincelante, à jamais gravée dans ma mémoire.

Carte Google Map