Avez-vous connu, avant le Père Noël, la Saint-Nicolas?
Enfants, nous avions deux fêtes bien distinctes : le 6 décembre, le repas de Saint-Nicolas, traditionnellement la première mandarine de l'hiver - et parfois la seule -, un repas de noix, noisettes, amandes, châtaignes, figues et dattes. Un sirop de cannelle chaud, avec une pointe de vin, accompagnait le biscôme. Le Père Noël, lui, déposait ses cadeaux sous le sapin le 24 décembre dans l'après-midi.
Aucune confusion ne semblait être possible, les deux effigies étant bien différenciées... Puis lentement, le père Noël traditionnel s'est imposé sur les biscômes.
A Fribourg, ce sont les élèves du Collège St-Michel qui organisent la Fête de la Saint-Nicolas, Saint Patron de la Ville. Cortège, du collège à la Cathédrale, Saint Nicolas sur son âne, puis discours au peuple depuis le balcon du portique de la cathédrale.
Cette année, ils ont voulu remettre le Saint sur les biscômes, en contactant les boulangers et confiseurs de la ville. Et ils ont réussi, ceux-ci ont joué le jeu!
Cette action a été hautement commentée dans la presse, et pendant la Fête, chacun était fier d'acheter le "vrai biscôme".
Pour la première fois, je me suis mêlée à la fête, ayant honte de n'avoir jamais participé à cette fête hautement populaire. Le chiffre de 30'000 participants a été annoncé: sans la présence d'amis, j'aurais fui rapidement... Mais j'aurais certainement passé à côté de quelque chose de fort!
Concerts courts dans l'après-midi, l'art choral étant fort apprécié dans la région. Chants religieux et de Noël, bien sûr.
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Choeur du Collège Saint-Michel dans l'église éponyme |
Les stands de biscômes offrent le vin chaud parfumé à la cannelle à l'anis étoilé, toutes épices destinées à réchauffer, les températures étant proches du 0°C. On passe d'une église à l'autre en sirotant la boisson revigorante (plus d'eau que de vin, rassurez-vous!).
Dans la tradition, les tours en âne ont toujours la faveur des enfants,
et les collégiens vendent cakes et gâteaux pour financer leurs voyages de fin d'année. Quelques artisans pour ce marché d'un jour, mais perdus dans la grande masse des revendeurs de babioles chinoises, envahissant un marché ressemblant à n'importe quelle foire : l'odeur de saucisses grillées avait rapidement supplanté l'odeur de la cannelle si évocatrice des fêtes de fin d'année.
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Pauvres Pêres Noël, remplacés par ces ballons si moches! |
Mais plus loin, ce fut l'attente, sous la tour de la Cathédrale, de l'arrivée du cortège de Saint Nicolas, dans une joyeuse effervescence, et dans une belle lumière ...
Les tambours, les fifres, puis le choeur, prennent place sur le parvis, l’Évêque de Fribourg va sortir de la cathédrale pour accueillir Saint-Nicolas. Je ne vois pas grand chose, il fait nuit, il y a de plus en plus de monde. Ambiance bon enfant, pourtant.
Puis le voilà enfin sur le balcon, le poil blanc cachant le collégien... Des biscômes sont jetés des fenêtres pour les enfants sages, et les Père Fouettards font vibrer les verges en direction des enfants peu sages, Saint Nicolas enfin parle à la foule en français et en allemand, s'adressant à ses "Chers enfants", et déclenchant des clameurs d'approbation ou de déception, des rires lors de ses commentaires sur la vie politique ou de ses quelques piques aux autorités en place. Mais rien de l'iconoclasme du Carnaval!
Enfin, il bénit ses Chers Enfants, et disparaît dans la fumée rouge, sous les applaudissements des participants.
Une messe sera dite ensuite dans la cathédrale pour les croyants, et les mécréants se dispersent dans la vieille ville pour retourner chez eux. La fête est finie, mais l'année prochaine, le premier samedi de décembre, Saint Nicolas reviendra dans sa bonne ville.