Nous n'avons pas traîné à Andermatt où les motards sont les rois. Ils nous ont amusés et nous avons beaucoup admiré les bécanes, avec une pointe d'envie, et les tenues de cuir, comme des armures. Comment disait-on, "libres et les cheveux dans le vent" ? Lourd tribu à la vitesse...
Longue plaine, puis longue montée, route surchargée... mais les talus sont piquetés de fleurs et si les places de parc sont rares, l'allure lente permet de repérer quelques oeillets des alpes, quelques orchis, tâches magenta dans l'or des crépis. Mais la pluie, la brume et là-haut la montagne sévère nous motivaient : encore plus haut.
Arrivés au col de la Furka, (voir D sur la carte du précédent billet), c'est délivrés que nous faisons quelques pas dans la bruine et le vent.
Les "nez noirs" sont encore plus hauts, et l'on attend par intermittence le carillon de leurs clochettes porté par le vent.
Une petite marche nous permet déjà de trouver des endroits non piétinés par la foule, et à cette altitude (2429 m.), les gentianes sont encore en fleurs !
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Gentiane ponctuée, Hélianthème, Gentiane du printemps, et Carline acaule |
Nous décidons enfin de prendre la descente et de suivre le Rhône, de son glacier jusqu'au lac Léman, dans un long parcours trop souvent parcouru pour qu'il nous passionne. Pourtant, une halte s'impose une fois encore : l'Hôtel Belvédère domine la vallée depuis 130 ans, et je suis toujours impressionnée par sa façade de pierre et sa masse imposante.
La vallée en contrebas, enfin, offre un spectacle sauvage, la naissance du fleuve qui semble se métamorphoser en route. Eh ? Et si on se "faisait" le Grimsel ? Aussitôt pensé, aussitôt décidé. D'ailleurs le ciel semblait se dégager.
Et nous voilà relancés sur une route bien dégagée, avec le même plaisir qu'au premières heures du voyage. La discussion porte sur les souvenirs, les autres voyages, les alpinistes, sur le glacier qui a tellement reculé (je vous en parlerai). On freine pour mieux admirer le paysage, on roule lentement pour décrypter la végétation et nous y voilà ! Le col du Grimsel (2165 m, point F sur la carte). Malgré ses trois lacs artificiels, c'est le plus laid ... envahis de parking, de bâtiments improbables, d'un parc à marmottes délabré - on peut se demander ce que font deux marmottes en captivité au milieu de leur habitat naturel.
J'aurais bien préféré vous la montrer en liberté, mais je ne l'aurais sans doute pas trouvée au milieu de l'après-midi et si près de la route!
Malgré l'éclaircie au loin où il fait bon regarder, la pluie nous rattrape et c'est soulagés que nous entreprenons la descente vers la plaine, admirant encore au passage les roches, les cascades...
Nous avons fait les trois deux mille! Comme de faux alpinistes ... comme les motards! Une journée épuisante, mais ce genre de virée reste lié au plaisir de la première voiture, à la sensation de découverte, au départ, au voyage.