J'ai une tendresse particulière pour les gares...
Je garde un souvenir très présent de ma première arrivée en gare de Milan, sous le grand dôme bruyant, dans l'odeur de fer et de graisse, symbole du voyage vers le sud - il y a cinquante ans!
Mais ce n'est pas ces gares comme des paquebots qui ont ma faveur, non, je préfère les petites gares aux volets de couleurs délavées, petites maisons posées sur le grand chemin...
Il n'y a pas si longtemps, une annonce immobilière nous a tenus en haleine, M. Gine et moi: une très belle gare 1900 désaffectée était à vendre...Un coup de foudre pour le bâtiment et le terrain...
Après quelques hésitations, nous avons décidé de l'acheter, envisageant de passer notre retraite en France. En une semaine, tout était prêt pour la signature du compromis : agence, banque, notaire, mairie, hôtel pour les quelques jours sur place. Une vérification encore auprès du Conservateur des Monuments historiques dont une toute petite phrase a fait retomber le bel enthousiasme: "maintenant que le problème de la route est réglé..." La route? quelle route? en pleine campagne? Et oui, une autoroute était prévue de l'autre côté de la voie, presque sous les fenêtres du beau bâtiment, le tracé devant en être encore mieux défini - ce dont personne n'avait "songé" à nous avertir. Pour nous, l'histoire s'est terminée là, sans regret!
Cela n'a pas altéré mon admiration pour les "maisons du voyage". Et j'avais repéré depuis plusieurs années, la très mignonne gare de Moiloi, près de Nauplie, mais je ne m'y étais jamais arrêtée, préférant le bord de mer tout proche. Cette année pourtant, revenant d'une balade dans la campagne, nous décidons d'y faire un tour.
Nouvellement désaffectée, encore pimpante, semblant prête à fonctionner ...
Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous découvrions sous les eucalyptus, enrobés de feuilles mortes, les monstres rouillés qui l'avaient autrefois animée.
Pas qu'une machine, mais une bonne dizaine de locomotives énormes, garées là, comme dans un cimetière industriel... Comment ne pas penser aux
langoustiers de Camaret ? Le même sentiment : un spectacle fascinant!
La photographe était ravie toute à l'admiration de cette machinerie compliquée et du travail de la rouille qui a tout envahi!
Mais quel gâchis! Le même gâchis qui me navre devant des voies de chemin de fer abandonnées : des années de travail et de peine, de la conception à la réalisation, des ponts, des tunnels, pour en arriver à une voie envahie par la végétation ou à simple banquette à piétons moins de cent ans après!
Bien sûr, une inscription avertissait que ces locomotives étaient propriété du musée... mais elle-même avait de la peine à résister au temps qui passe... et ce patrimoine industriel semble bien être perdu définitivement...
Tout autour, le village vit sa vie de petite bourgade coupée en deux par la voie qui ne sert plus... D'un côté un petit port de pêcheur, que vous découvrez chez
Amartia, très paisible, un peu touristique, et de l'autre, le village autour de la route principale bordée par les petits commerces réputés pour leurs produits paysans, par les tavernes et par l'église,
Un chemin passe d'une partie du village à l'autre, emprunté par des passants si habitués à ce spectacle extraordinaire qu'ils se demandaient bien ce que nous faisions autour des monstres définitivement endormis!
Quelques photos encore sous
Les Images de Gine, si cela vous tente....