Pendant des années, j'ai habité successivement de vieux appartements dans des immeubles début 1900, des appartements pas rénovés, mais pas chers. J'ai donc rapidement appris à rafraîchir les murs de mes logis! Pour les premiers, nous avions opté pour des papiers peints modernes, faciles à poser, élastiques, lavables... puis les déménagements se succédant nous avons renoncé à ce luxe pour des murs passés à la dispersion - encore plus modernes, et encore moins chers!
Mais entre-temps, nous avions décollé de nombreuses couches de papier dont les motifs nous laissaient imaginer l'esprit des précédents locataires... C'était comme pénétrer dans un autre monde que de penser que des gens s'étaient endormis là en contemplant des scènes champêtres ou qu'ils avaient mangé face à des semis de fleurs "indiennes". Puis, nous avons oublié les murs tapissés, la mode étant au crépi blanc!
L'actuel Musée du Papier peint, le Château de Mézières est resté longtemps "dans son jus", sans aucune rénovation jusqu'en 1989, où le Service des biens culturels découvre la valeur historiques des papiers peints qui datent pour certains de 1770! Le bâtiment est sauvé! Je vous laisse voir son histoire ici.
En 1989 - Source Musée du Papier Peint |
Actuellement, depuis la rue |
Si le bâtiment est beau à l'extérieur, à l'intérieur il est absolument extraordinaire! Non pas tant par son agencement que par les papiers originaux ou restaurés qu'il contient. J'y vais une fois par année, à l'occasion d'expositions autour du papier, pas toujours convaincantes, j'en conviens.
Les goûts ont changé, mais je reste toujours hypnotisée par ce "salon des irisés" dont je vous donne l'histoire ci-dessous, tirée de la documentation de la Fondation
Salon des irisés
A partir des années 1750, la soierie est de loin le décor intérieur le plus prisé et le plus coûteux. Les manufacturiers de papier peint se sont efforcés de l’imiter, comme dans la salle des deux colombes. Ils se heurtent cependant au difficile problème de la vibration de la lumière à la surface du textile, une spécificité de la soie.
En 1816, le manufacturier alsacien Michel Spoerlin, installé à Vienne, met au point le procédé de l’irisé pour retrouver cette vibration : le procédé est amélioré par Jean Zuber en 1819. Diverses manufactures le reprennent dans les années 1820 et le début des années 1830.
En 1816, le manufacturier alsacien Michel Spoerlin, installé à Vienne, met au point le procédé de l’irisé pour retrouver cette vibration : le procédé est amélioré par Jean Zuber en 1819. Diverses manufactures le reprennent dans les années 1820 et le début des années 1830.
Carte postale "Salon des Irisés", vers 1830 |
Les cabinets attenants aux chambres, les lais de tapisserie se chevauchent, chutes récupérées dans papiers garnissant pièces plus "nobles".
Carte postale "détail du Cabinet de la Chambre aux arabesques", vers 1789 |
Carte postale "Salle aux deux colombes", 1788 |
Là aussi, les modes se sont succédé. On y trouve des scènes "exotiques", telle le Salon de l'Eldorado, délicieusement suranné, ou le plus improbable Salon brésilien...
Vous en trouverez les descriptions sur le site du Musée.
Mes goûts sont plus contemporains, mais je garde une fascination pour ce travail d'imitation des tissus et des tentures, comme un passage à la vulgarisation du confort et du beau, même s'il va falloir attendre longtemps avant que la tapisserie se vende en rouleaux au coin de la rue!
Et bien sûr, pour terminer : un coup de coeur, un bouquet de fleurs!
Médaillon |
papier peint, tissus peinture...l'évolution des matières et des goûts... c'est toujours un peu émouvant ces pans de murs avec les couches successives ! même les photos où on voit le "fond" derrière les personnes... toute une vie toute une époque
RépondreSupprimerTon billet m'intéresse beaucoup !! Les goûts et les modes changent c'est sûr mais j'aime voir ces murs tapissés de beaux papiers peints comme à Jouy en Josas où je me suis rendue il n'y a pas longtemps...
RépondreSupprimerCes murs où on dirait de véritables fresques peintes sont magnifiques ! Il faut de hauts plafonds...
Belle soirée !
oh la la lala c'est sublime merci de ce partage.
RépondreSupprimerune bonne idée de visite ...merci!
RépondreSupprimerIncroyable que nos murs aient pu ressembler à cela, et pourtant ce n'est pas si ancien...
RépondreSupprimerMoi aussi, je me souviens d'avoir décollé des couches et des couches de papiers peints tous plus ahurissants les uns que les autres...
Tu crois qu'ils aimeraient avoir mon poisson bleu de Vallauris ? ;-). Si je passais par là, j'irais volontiers visiter ce musée original.
RépondreSupprimerIl y a des choses que l'on voit tellement qu'on n'y fait plus attention. Mais quand on réfléchit (et ton billet y invite) que de créativité dans un papier peint! La matière , le dessin, les aspects techniques tels que le rendu à la lumière ou la solidité..On ne réalise plus qu'on a un chef-d'oeuvre d'inventivité sous les yeux; Bravo pour ce joli billet!
RépondreSupprimerBonjour Gine,
RépondreSupprimerVoilà une heureuse initiative et cette rétrospective sur les tapisseries d'antan est pleine de charme et ravive immanquablement des souvenirs.
Bravo et merci pour ce joli partage.
Dans les fermes anciennes, Il était un temps où des journaux étaient collés entre le mur et le papier peint afin d'assurer un meilleur "collage", quelle surprise à la découverte des nouvelles de l'époque lors de la rénovation...
RépondreSupprimerBonjour Gine, c'est vrai que le papier peint habille mieux que la peinture, mais depuis longtemps j'ai opté pour la peinture claire de préférence... plus facile à repeindre que retirer le papier et en reposer.
RépondreSupprimerLes papiers présentés font un peu château de France non ?
Beau week-end
Le début de ton billet m'a rappelé à moi aussi quelques souvenirs d'emménagement, réfection et autres travaux de peinture. Je crois n'avoir placé qu'une fois une tapisserie, mais qui bien sûr n'avait rien à faire avec les merveilles que tu nous présentes. Mais il faut bien l'avouer, cela fait partie du passé.
RépondreSupprimer